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L'île Maurice,
c'est toute
une histoire...
© Adobe Stock/Danuta Hyniewska

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L'île Maurice, c'est toute une histoire...
Les marins arabes en firent la découverte. Les Portugais s'y arrêtèrent. Les Néerlandais s'y installèrent avant d'y renoncer de leur plein gré. Les Français leur succédèrent, mais, comme souvent, les Anglais les en chassèrent. Longtemps déserte, l'île Maurice a fait une entrée dans l'Histoire pour le moins fracassante !
Si vous passez à Mahébourg, la ville principale du sud-est de l'île, arrêtez-vous au Musée d’Histoire Nationale (l'ex-Musée naval). Franchissez-en les grilles et traversez son parc luxuriant, planté de pins et de badamiers centenaires à l’ombre desquels se cache la reconstitution pittoresque d’un village de l’époque coloniale. C’est au fond de cet écrin de nature que vous trouverez la Maison Robillard, une grande villa créole construite à la fin du XVIIe siècle. Depuis 1950, elle est l’hôte du musée, un lieu de mémoire — quelque peu endormi, il faut bien l’avouer — qui vous raconte les pages les plus ardentes de l’histoire mauricienne, des débuts de la colonisation à l’indépendance, en passant par les heures sombres de l’esclavage. On découvre ce récit turbulent et émouvant à travers une collection éclectique mêlant documents et objets d’époque, maquettes et œuvres d’art.
À DÉCOUVRIR AUSSI :
À qui appartient le lit à baldaquin qui trône au milieu du premier étage ? À Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, cet ancien gouverneur de l’île qui, dès son arrivée, en 1735, en changea durablement le destin en y développant la culture de la canne à sucre et son funèbre pendant : la traite négrière. Et cette mèche de cheveux exposée comme une relique sacrée ? C’est celle de l’amiral français Duperré, le vainqueur de la bataille navale de Vieux-Grand-Port (en août 1810), la seule victoire que Napoléon a remportée sur la Royal Navy. Un coup pour rien car, quatre mois plus tard, les Anglais lavaient l’affront en s’emparant de celle qu’on appelait alors l’Île de France. Ils lui redonnèrent illico son ancien nom. Cirne, comme disaient les Portugais, les premiers Européens à y avoir posé le pied ? Non, Mauritius, un nom imaginé par les Néerlandais qui, colonisant l’île dès 1598 (avant de l’abandonner de leur propre chef, en 1710, lassés par les cyclones et les faibles ressources insulaires) la baptisèrent ainsi en l’honneur de Maurits van Nassau, futur prince d’Orange.
Naufrage et carnage
Autre vestige insolite : la cloche du Saint-Géran. Dans la nuit du 16 au 17 août 1744, ce navire français s'est fracassé sur des récifs au large de Poudre-d’Or, dans le nord de l’île. Seuls neufs miraculés sur près de deux cents passagers et membres d’équipage ont survécu à la catastrophe. Un drame qui, vingt-cinq ans après les faits, a inspiré Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, l’auteur de Paul et Virginie choisissant de faire périr son héroïne lors de ce terrible naufrage. Aujourd'hui encore, le drame du Saint-Géran ne manque jamais de faire frémir les visiteurs du musée. Cependant, pour une immense majorité d’entre eux, le clou de l’exposition est ailleurs…
La pièce de collection sur laquelle tout le monde s'arrête, c'est le squelette complet d’un étrange oiseau qui, plus de deux siècles après son extinction, reste l’animal-totem de l’île : le dronte de Maurice, alias le « dodo ». Ce volatile d’un mètre de haut était incapable de voler. Il ne courait pas davantage. Pourquoi se donner cette peine alors que, jusqu’à l’arrivée tardive de l’Homme sur l’île, ce gros « pigeon » ne craignait aucun prédateur et profitait d’une nourriture abondante avec les fruits tombés des arbres ? Hélas, cette vie facile lui a été fatale !

© Adobe Stock/gusmanfahmi
Le dodo fit une proie toute désignée pour les marins portugais, puis néerlandais, en mal de chair fraîche. Pas longtemps ! Ils se lassèrent vite de sa viande qui, en plus de sa fadeur, dégageait une odeur infecte. Mais d’autres nouveaux venus se montrèrent moins difficiles : les rats échappés des cales des bateaux accostant, toujours plus nombreux, sur les côtes mauriciennes, se délectèrent des œufs de l’animal, pondus à même le sol. C’est à ces rongeurs et, dans une moindre mesure, aux autres animaux importés par les colons — dont les mangoustes d'Inde qui, ironie de l'histoire, furent introduites dans l'île pour faire la chasse... aux rats — que l’on doit essentiellement l’extinction rapide de l’espèce. Un cas qui n’a rien d’isolé. Une centaine de plantes et d’animaux ont totalement disparu de l’île depuis son occupation par l’Homme. D’autres sont encore menacés, mais, fort heureusement, depuis le début de ce siècle, conscientes des enjeux écologiques, les autorités locales ont fait de la préservation de la biodiversité une de leurs priorités.

L'engagisme,
l'enfer caché
d'un paradis
Les Néerlandais, les premiers, plantent à Maurice de la canne à sucre, venue de Java. Mais ce sont les Français, un siècle plus tard, qui, en construisant les premiers moulins à sucre, en font une ressource fort lucrative. Hélas, le bonheur de quelques-uns fait le malheur de bien d’autres ! En effet, pour cultiver leurs plantations, les colons ramènent des esclaves par milliers des côtes d’Afrique de l’Est ou de Madagascar. À la fin du XVIIIe siècle, l’île en compte 60 000. Dix fois plus que d'Européens.
Shocking! À leur prise de pouvoir, en 1810, les Anglais condamnent les viles pratiques des froggies et promettent aussitôt l’abolition. Une belle intention qu’ils mettent tout de même vingt-cinq ans à concrétiser. L’île Maurice n’en a pas fini pour autant avec l’exploitation de l’homme par l’homme. C’est que les planteurs, anticipant la perte de leurs esclaves, ont une riche idée : la mise en place d’une migration de masse depuis l’Inde. Ils engagent des ouvriers agricoles pour cinq ans, avec la promesse d’un retour au pays au terme de leur contrat. Comme ces pauvres bougres sont censés être volontaires, on parle d'engagisme.
Le mouvement démarre modestement avec l’arrivée d’un premier bateau, le 2 novembre 1834. À son bord, trente-neuf coolies. Mais le flux augmente vite. Appâtés par des recruteurs sans scrupules qui leur décrivent une île de rêve où « il suffit de retourner les pierres pour trouver de l’or », les manœuvres embarquent par milliers à Calcutta. Ils sont 39 000 à tenter leur chance durant la seule année 1843. Au total, en quatre-vingts ans de pratique, Maurice accueille plus de 450 000 engagés. Et tous ou presque vivent l’enfer ! Les huit semaines de traversée en fond de cale engendrent une mortalité comparable à celle de la traite négrière. C'est encore pire sur la terre ferme. La paie est maigre, du moins quand elle est versée : cinq roupies par mois quand un simple apprenti mauricien en touche trois de plus. Les conditions de vie sont épouvantables, proches de celles des anciens esclaves. Contraints de rester sur leur plantation sous peine d’être emprisonnés pour vagabondage, les engagés sont mal nourris et logés dans des dortoirs qui, de l'avis même d'un visiteur britannique, « ressemblent à des cellules de prison ». Démunis face aux épidémies de dysenterie ou de variole, ils subissent en outre de mauvais traitements comme le fouet qui claque régulièrement. Ainsi, même si le sort des travailleurs indiens s'est un peu amélioré à partir des années 1860, l'engagisme qui a perduré jusqu'en 1920, garde encore, au pays du sucre, un goût des plus amers.
Les marins arabes en firent la découverte. Les Portugais s'y arrêtèrent. Les Néerlandais s'y installèrent avant d'y renoncer de leur plein gré. Les Français leur succédèrent, mais, comme souvent, les Anglais les en chassèrent. Longtemps déserte, l'île Maurice a fait une entrée dans l'Histoire pour le moins fracassante !
Si vous passez à Mahébourg, la ville principale du sud-est de l'île, arrêtez-vous au Musée d’Histoire Nationale (l'ex-Musée naval). Franchissez-en les grilles et traversez son parc luxuriant, planté de pins et de badamiers centenaires à l’ombre desquels se cache la reconstitution pittoresque d’un village de l’époque coloniale. C’est au fond de cet écrin de nature que vous trouverez la Maison Robillard, une grande villa créole construite à la fin du XVIIe siècle. Depuis 1950, elle est l’hôte du musée, un lieu de mémoire — quelque peu endormi, il faut bien l’avouer — qui vous raconte les pages les plus ardentes de l’histoire mauricienne, des débuts de la colonisation à l’indépendance, en passant par les heures sombres de l’esclavage. On découvre ce récit turbulent et émouvant à travers une collection éclectique mêlant documents et objets d’époque, maquettes et œuvres d’art.
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À qui appartient le lit à baldaquin qui trône au milieu du premier étage ? À Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais, cet ancien gouverneur de l’île qui, dès son arrivée, en 1735, en changea durablement le destin en y développant la culture de la canne à sucre et son funèbre pendant : la traite négrière. Et cette mèche de cheveux exposée comme une relique sacrée ? C’est celle de l’amiral français Duperré, le vainqueur de la bataille navale de Vieux-Grand-Port (en août 1810), la seule victoire que Napoléon a remportée sur la Royal Navy. Un coup pour rien car, quatre mois plus tard, les Anglais lavaient l’affront en s’emparant de celle qu’on appelait alors l’Île de France. Ils lui redonnèrent illico son ancien nom. Cirne, comme disaient les Portugais, les premiers Européens à y avoir posé le pied ? Non, Mauritius, un nom imaginé par les Néerlandais qui, colonisant l’île dès 1598 (avant de l’abandonner de leur propre chef, en 1710, lassés par les cyclones et les faibles ressources insulaires) la baptisèrent ainsi en l’honneur de Maurits van Nassau, futur prince d’Orange.
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Dans les années 1830, après avoir aboli l'esclavage à Maurice, les Britanniques en ont inventé un succédané : l'engagisme. Pendant plus de quatre-vingts ans, ils ont exploité des centaines de milliers de travailleurs indiens qui, pour quelques roupies dérisoires, leur ont donné leurs bras, leur sueur, leur santé et, parfois même, leur vie.
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