
Les joyaux de Vénus
© Adobe Stock/Paolo Borella
Elbe n’est pas fille unique ! Elle partage le canal de Corse, ce bras de la mer Tyrrhénienne qui sépare l’Île de Beauté de la Toscane, avec six îles sœurs. Une fratrie qui forme l’Archipel toscan. Ses paysages sont si beaux et sa nature si généreuse qu’on les dit d’origine divine.
Il était une fois Vénus… Tout juste née de l’écume des vagues méditerranéennes, la déesse de l’amour et de la beauté voulut rejoindre la terre ferme pour se repaître des charmes toscans. Dans sa précipitation, elle brisa le collier de perles pendu à son cou (ou le diadème posé sur son front, selon les versions). Sept billes de nacre tombèrent alors dans la mer et se changèrent aussitôt en autant d’îles merveilleuses : Elbe, Giglio, Capraia, Montecristo, Pianosa, Giannutri et Gorgona. Voilà pourquoi on surnomme parfois l’archipel, la collana di Venere, le « collier de Vénus ». Présentée comme un mythe ancien, cette histoire est en réalité apparue comme par magie au siècle dernier, peut-être bien pour assurer la promotion touristique de la région. Elle a gagné en popularité grâce à internet qui la relaie régulièrement. Pourquoi nous en faire l’écho à notre tour ? Parce que ce court récit traduit bien la beauté quasi miraculeuse de cette partie du monde.
Actes de repentance
Vénus a bien fait les choses : l'Archipel toscan est un bijou qui brille toujours du plus bel éclat. Pourtant, comme trop souvent, l'Homme a abusé de ses largesses pendant des siècles, rasant notamment la plupart des forêts d’Elbe, Capraia ou Giglio pour produire le charbon de bois qui alimentait les fours des mines de fer elboises. Fort heureusement, l’heure n’est plus au pillage de la nature, mais à sa préservation, l’ensemble des joyaux de Vénus étant placé aujourd’hui sous la protection du parc national de l’Archipel toscan.

Particulièrement protégé au sein du parc national, le mérou brun, l'une des espèces vulnérables de la Méditerranée, est de nouveau très présent dans les eaux de l'Archipel toscan.
Classé réserve de biosphère par l’Unesco, c’est le plus grand parc marin d’Europe avec 18 000 hectares de terre et trois fois plus de superficie côté mer. Depuis sa création en 1996, il a multiplié les actions pour le reboisement des îles, la mise en place de zones de quiétude pour la nidification des oiseaux marins, la régulation de la pêche et de la plaisance dans les eaux de l’archipel ou bien encore la sauvegarde des espèces animales les plus menacées comme la tortue caouanne, l’aigle de Bonelli, le faucon pèlerin, le goéland d’Audouin et le lézard de l’île de Montecristo. Partie prenante du Sanctuaire Pelagos, une aire marine protégée*, il tente même de faire revenir le phoque moine dans ses eaux.
Quelle île choisir ?
Aussi différentes soient-elles, les îles de l’Archipel toscan présentent deux similitudes essentielles. Primo, elles sont placées en totalité ou partiellement sous la tutelle du parc national. À la clé, une biodiversité marine et terrestre exceptionnelle. Secundo, elles ont toutes été habitées à un moment de leur histoire, accueillant de riches Romains, des religieux, des soldats et, curieusement, des prisonniers. Ces différentes populations ont forcément marqué les paysages insulaires de leurs empreintes. Tout ceci promet de belles découvertes et il est tentant de programmer plusieurs escales lors d'un même séjour. Hélas, les liaisons « intra-archipel » sont rares et, à moins de disposer de votre propre bateau pour vous lancer dans une belle croisière toscane, il vous faut choisir précisément votre point de chute. Pour vous y aider, voici quelques éléments sur les six petites sœurs de l'île d'Elbe.
Elle a beau être la deuxième île de l’Archipel toscan par la surface (24 km2) comme par le nombre d’habitants (1 400 à l’année), Giglio — prononcez-le à l’italienne : gi-yo — n’en a pas moins vécu pendant longtemps dans l’ombre d’Elbe, son aînée. Il a fallu un drame pour qu’elle sorte de l’anonymat : le naufrage du Costa Concordia. Le 13 janvier 2012, longeant l’île de bien trop près, ce navire de croisière a déchiré sa coque sur un récif côtier. Un accident qui à coûté la vie à trente-deux personnes et suscité la curiosité morbide de dizaines de milliers d’autres qui, dans les semaines qui ont suivi, ont fondu sur l’île pour voir l’épave du paquebot.
Depuis, le bateau a été renfloué et remorqué jusqu’à Gênes pour y être démantelé. Quant au tourisme insulaire, il a repris son rythme normal, quelques centaines d’estivants se croisant chaque jour sur les quais, poussés jusqu’ici par de plus nobles motifs que l’odeur de la mort et des larmes : l’amour de la nature, les joies des bains de mer, la vie de village, l’hospitalité légendaires de leurs hôtes et la douceur de vivre. Une tranquillité qui est d’ailleurs protégée avec soin : pendant les deux mois d’été, sauf autorisations spéciales, les touristes doivent laisser leurs voitures sur le continent. Mais à quoi bon venir avec la sienne ? En a-t-on vraiment besoin ? Il n’y a jamais que trois bourgs sur l’île, tre frazioni comme disent les Italiens — Giglio Porto, Giglio Castello et Giglio Campese —, et ils ne sont séparés que par un maximum de dix kilomètres. Alors, au besoin, on prend le bus, un vélo électrique ou un scooter que l’on aura loué à un commerçant du coin. Le trio gigliesi en vaut-il la peine ? Oh que oui ! Chaque hameau a son charme et il faut les visiter tous quand on séjourne sur l’île.
Porto, l'allègre
Porto a la chaleur et la simplicité des villages de pêcheur, avec ses maisons couleur pastel qui épouse la courbe du port. C’est le rendez-vous des familles, celles qui nourrissent leur vacances d’habitudes heureuses. Chaque soir, elles investissent les quais pour sacrifier au bonheur d’une glace. Chaque jour, les mêmes ou presque s’en vont poser leurs serviettes sur la merveilleuse spiaggia delle Cannelle, un paradis situé à quinze minutes de marche du port. Les plus courageux poussent plus loin, jusqu’à la crique de Caldane, que l’on gagne à partir de Cannelle par un sentier côtier parfois incertain.

© Adobe Stock/Arkanto
Dernière option : Aranella. Mais là, c’est du costaud : cinq kilomètres de marche ! La solution : le taxi-boat. Dès lors que l’on a réservé son lettino et son ombrellone pour la journée, la course est même offerte par Aranella Beach, la plage privée qui occupe une grande partie du site.
Campese, l'esprit nature
Gardée par sa haute tour voulue par les Médicis pour prévenir les incursions pirates, Campese cultive aussi l’insouciance des vacances à la mer. Il faut dire que cette mini-station balnéaire a été particulièrement gâtée par Neptune : elle jouit de la plus grande plage de sable de l’île, orientée plein ouest. Il est tentant de s’y prélasser toute la journée, jusqu’au coucher de soleil, le plus beau qu’il soit donner de vivre à Giglio.

© Adobe Stock/Pyc Assaut
Pour autant, certains résistent à l’appel du farniente. Il y en a pour palmer, avec un simple tuba ou, pour les plus aguerris, un détendeur et une bouteille, dans les récifs alentours ou les tombants où se cachent murènes, congres, barracudas, mérous, poulpe, calamars, rascasses et raies pastenagues. Il en est d’autres qui préfèrent la terre ferme et randonnent à travers le maquis jusqu’au Faro di Capel Rosso, le dernier des phares en activité sur l’île. Sa spécificité : il abrite une maison d’hôtes aussi charmante qu’insolite.

© Adobe Stock/ste67
Castello, la médiévale
Bâti sur la colline la plus haute de l’île, à plus de 400 mètres d’altitude, Castello, lui, a la sagesse des anciens. Normal, il flirte avec les mille ans. Et il les porte sacrément bien ! Membre des Borghi più belli d'Italia, des « plus beaux Villages d’Italie », il n’a guère changé depuis sa lointaine jeunesse. Il reste blotti tout entier ou presque derrière ses épaisses murailles et ses tours médiévales, sous la surveillance de la Rocca Aldobrandesca, l’impressionnante forteresse qui le coiffe. De derrière les créneaux et les meurtrières, on regarde au loin, le regard se perdant dans le bleu de la mer jusqu’à s’accrocher aux côtes de Montecristo, Elbe, la Toscane et la Corse.
Avec ses rues tortueuses et pavées, ses escaliers élimés, ses venelles et ses passages couverts, Giglio Castello est un dédale où il fait bon flâner. On se repaît alors des détails pittoresques de ses vieilles bâtisses, de leurs fenêtres fleuries et de leurs balzuoli. Fort courants en Toscane, ces escaliers de pierre, souvent raides et étroits, longent les façades des maisons pour aller en trouver la porte d’entrée, un niveau au-dessus de la rue. Une tradition architecturale qui date d’une époque lointaine où le bas d’une habitation servait encore de remise, d’atelier ou d’étable.

© Adobe Stock/ah fotobox
Au hasard de la promenade, on passe devant une vitrine alléchante qui vous promet les deux grandes spécialités de l’île. L’une se boit, l’autre se mange. Celle qui se boit ? C’est l’Ansonica Costa dell’Argentario, un vin fait d’ansonaco, la version locale de l’ansonica. Autrefois, il recouvrait toute l’île ou presque. Aujourd’hui, il n’en reste plus quelques hectares plantés sur les terrasses de pierres sèches des derniers vignerons gigliesi, tels Milena Danei (Parasole), Giovanni et Simone Rossi (Fontuccia) ou Francesco Carfagna (Altura). Avec autant de vaillance que de savoir-faire, ils produisent à la force du poignet un blanc sec, à la robe jaune paille, à la bouche vive, minérale et fruitée qui fait des merveilles sur un poisson grillé. Et celle qui se mange ? C’est le panficato, un gâteau collant, ferme sous la dent, fait de figue, de noix, de miel, de vin, de raisins secs et, parfois, de chocolat. Cela vous rappelle le panforte cher aux Siennois ? Rien d’étonnant à cela. En 1544, Barberousse, le plus terrible des pirates méditerranéens, a pillé l’île et embarqué toute ses habitants pour les vendre comme esclaves. Les Médicis ont alors eu l’idée de repeupler leur territoire en y envoyant des familles de… Sienne.
Comment s'y rendre ?
À part Montecristo, toutes les îles de l’Archipel toscan profitent de liaisons maritimes avec le continent. Pour rappel, l’accès à Pianosa et à Gorgona sont strictement réglementés, tandis que Giannutri ne dispose pas d’hébergement.
La vedette pour Giannutri (une heure de mer) s’élance de Porto Santo Stefano (tout au sud de la côte toscane, dans la Province de Grosseto). Elle navigue quatre jours par semaine, avec des horaires permettant l’aller-retour dans la journée (dernier départ de l’île en milieu d’après-midi).
Les ferries pour Giglio partent également de Porto Santo Stefano. La traversée est assurée toute l’année avec plusieurs départs quotidien en haute saison. Autre solution, dès lors qu’on est piéton : les hydrofoils d’Aquavision. En juillet et août, ils rejoignent Giglio à partir de San Vincenzo, un port de la Province de Livourne (tous les mercredis, trois bonnes heures de voyage) et de l’île d’Elbe, depuis Porto Azzurro (tous les mercredis, deux heures de trajet).
Du 15 avril au 31 octobre, Aquavision assure également une liaison quotidienne entre Elbe et Pianosa, à partir de Marina di Campo (45 minutes de traversée). Si vous souhaitez voyager avec votre véhicule, il faut prendre le ferry de Toremar à Rio Marina. Il part chaque mardi et relie Pianosa en moins de deux heures. Depuis le continent, le ferry pour Pianosa part de Piombino une à deux fois par semaine, toute l’année, sauf en avril. La traversée dure trois heures.
Pour Capraia, le ferry part de Livourne plusieurs fois par semaine. Prévoyez près de trois heures de traversée. En été, le parc national de l’Archipel toscan organise des excursions à la journée à partir de Portoferraio ou Marciana Marina. La visite est accompagnée par un guide et ses horaires, parcours et activités sont prédéterminées.
Le parc national propose le même type d'excursion au départ des deux ports elbois pour Gorgona. Depuis le continent, il faut passer par Livourne avec une traversée d'une heure trente environ, une à deux fois par semaine. Dans tous les cas, n'oubliez pas que votre venue dans l'île se réserve au moins une semaine à l'avance, car elle est soumise à autorisation.
Toutes ces informations vous sont données à titre indicatif. Chaque compagnie est susceptible de modifier son programme en cours d'année.
* Voulu par la France, Monaco et l’Italie, le Sanctuaire Pelagos s’étend sur près de 90 000 km2, entre la Côte d’Azur, la Corse, la Sardaigne et la Riviera italienne. Il a pour objectif principal de protéger les nombreux cétacés qui vivent et se reproduisent dans cette zone : les dauphins bleus ou blancs, les globicéphales, les cachalots, les baleines de Cuvier ou encore les rorquals communs qui, pouvant atteindre une vingtaine de mètres à l’âge adulte, sont les plus grands mammifères marins du monde après les baleines bleues.

© Adobe Stock/Paolo Borella
Les joyaux de Vénus
Elbe n’est pas fille unique ! Elle partage le canal de Corse, ce bras de la mer Tyrrhénienne qui sépare l’Île de Beauté de la Toscane, avec six îles sœurs. Une fratrie qui forme l’Archipel toscan. Ses paysages sont si beaux et sa nature si généreuse qu’on les dit d’origine divine.
Il était une fois Vénus… Tout juste née de l’écume des vagues méditerranéennes, la déesse de l’amour et de la beauté voulut rejoindre la terre ferme pour se repaître des charmes toscans. Dans sa précipitation, elle brisa le collier de perles pendu à son cou (ou le diadème posé sur son front, selon les versions). Sept billes de nacre tombèrent alors dans la mer et se changèrent aussitôt en autant d’îles merveilleuses : Elbe, Giglio, Capraia, Montecristo, Pianosa, Giannutri et Gorgona. Voilà pourquoi on surnomme parfois l’archipel, la collana di Venere, le « collier de Vénus ». Présentée comme un mythe ancien, cette histoire est en réalité apparue comme par magie au siècle dernier, peut-être bien pour assurer la promotion touristique de la région. Elle a gagné en popularité grâce à internet qui la relaie régulièrement. Pourquoi nous en faire l’écho à notre tour ? Parce que ce court récit traduit bien la beauté quasi miraculeuse de cette partie du monde.
Actes de repentance
Vénus a bien fait les choses : l'Archipel toscan est un bijou qui brille toujours du plus bel éclat. Pourtant, comme trop souvent, l'Homme a abusé de ses largesses pendant des siècles, rasant notamment la plupart des forêts d’Elbe, Capraia ou Giglio pour produire le charbon de bois qui alimentait les fours des mines de fer elboises. Fort heureusement, l’heure n’est plus au pillage de la nature, mais à sa préservation, l’ensemble des joyaux de Vénus étant placé aujourd’hui sous la protection du parc national de l’Archipel toscan.

Particulièrement protégé au sein du parc national, le mérou brun, l'une des espèces vulnérables de la Méditerranée, est de nouveau très présent dans les eaux de l'Archipel toscan.
Quelle île visiter ?
Aussi différentes soient-elles, les îles de l’Archipel toscan présentent deux similitudes essentielles. Primo, elles sont placées en totalité ou partiellement sous la tutelle du parc national. À la clé, une biodiversité marine et terrestre exceptionnelle. Secundo, elles ont toutes été habitées à un moment de leur histoire, accueillant de riches Romains, des religieux, des soldats et, curieusement, des prisonniers. Ces différentes populations ont forcément marqué les paysages insulaires de leurs empreintes. Tout ceci promet de belles découvertes et il est tentant de programmer plusieurs escales lors d'un même séjour. Hélas, les liaisons « intra-archipel » sont rares et, à moins de disposer de votre propre bateau pour vous lancer dans une belle croisière toscane, il vous faut choisir précisément votre point de chute. Pour vous y aider, voici quelques éléments sur les six petites sœurs de l'île d'Elbe.
Elle a beau être la deuxième île de l’Archipel toscan par la surface (24 km2) comme par le nombre d’habitants (1 400 à l’année), Giglio — prononcez-le à l’italienne : gi-yo — n’en a pas moins vécu pendant longtemps dans l’ombre d’Elbe, son aînée. Il a fallu un drame pour qu’elle sorte de l’anonymat : le naufrage du Costa Concordia. Le 13 janvier 2012, longeant l’île de bien trop près, ce navire de croisière a déchiré sa coque sur un récif côtier. Un accident qui à coûté la vie à trente-deux personnes et suscité la curiosité morbide de dizaines de milliers d’autres qui, dans les semaines qui ont suivi, ont fondu sur l’île pour voir l’épave du paquebot.

© Pixabay/Tassilo111
Depuis, le bateau a été renfloué et remorqué jusqu’à Gênes pour y être démantelé. Quant au tourisme insulaire, il a repris son rythme normal, quelques centaines d’estivants se croisant chaque jour sur les quais, poussés jusqu’ici par de plus nobles motifs que l’odeur de la mort et des larmes : l’amour de la nature, les joies des bains de mer, la vie de village, l’hospitalité légendaires de leurs hôtes et la douceur de vivre. Une tranquillité qui est d’ailleurs protégée avec soin : pendant les deux mois d’été, sauf autorisations spéciales, les touristes doivent laisser leurs voitures sur le continent. Mais à quoi bon venir avec la sienne ? En a-t-on vraiment besoin ? Il n’y a jamais que trois bourgs sur l’île, tre frazioni comme disent les Italiens — Giglio Porto, Giglio Castello et Giglio Campese —, et ils ne sont séparés que par un maximum de dix kilomètres. Alors, au besoin, on prend le bus, un vélo électrique ou un scooter que l’on aura loué à un commerçant du coin. Le trio gigliesi en vaut-il la peine ? Oh que oui ! Chaque hameau a son charme et il faut les visiter tous quand on séjourne sur l’île.
Porto a la chaleur et la simplicité des villages de pêcheur, avec ses maisons couleur pastel qui épouse la courbe du port. C’est le rendez-vous des familles, celles qui nourrissent leur vacances d’habitudes heureuses. Chaque soir, elles investissent les quais pour sacrifier au bonheur d’une glace. Chaque jour, les mêmes ou presque s’en vont poser leurs serviettes sur la merveilleuse spiaggia delle Cannelle, un paradis situé à quinze minutes de marche du port. Les plus courageux poussent plus loin, jusqu’à la crique de Caldane, que l’on gagne à partir de Cannelle par un sentier côtier parfois incertain.

© Adobe Stock/Arkanto
Dernière option : Aranella. Mais là, c’est du costaud : cinq kilomètres de marche ! La solution : le taxi-boat. Dès lors que l’on a réservé son lettino et son ombrellone pour la journée, la course est même offerte par Aranella Beach, la plage privée qui occupe une grande partie du site.
Gardée par sa haute tour voulue par les Médicis pour prévenir les incursions pirates, Campese cultive aussi l’insouciance des vacances à la mer. Il faut dire que cette mini-station balnéaire a été particulièrement gâtée par Neptune : elle jouit de la plus grande plage de sable de l’île, orientée plein ouest. Il est tentant de s’y prélasser toute la journée, jusqu’au coucher de soleil, le plus beau qu’il soit donner de vivre à Giglio.

© Adobe Stock/Pyc Assaut
Pour autant, certains résistent à l’appel du farniente. Il y en a pour palmer, avec un simple tuba ou, pour les plus aguerris, un détendeur et une bouteille, dans les récifs alentours ou les tombants où se cachent murènes, congres, barracudas, mérous, poulpe, calamars, rascasses et raies pastenagues. Il en est d’autres qui préfèrent la terre ferme et randonnent à travers le maquis jusqu’au Faro di Capel Rosso, le dernier des phares en activité sur l’île. Sa spécificité : il abrite une maison d’hôtes aussi charmante qu’insolite.

© Adobe Stock/ste67
Bâti sur la colline la plus haute de l’île, à plus de 400 mètres d’altitude, Castello, lui, a la sagesse des anciens. Normal, il flirte avec les mille ans. Et il les porte sacrément bien ! Membre des Borghi più belli d'Italia, des « plus beaux Villages d’Italie », il n’a guère changé depuis sa lointaine jeunesse. Il reste blotti tout entier ou presque derrière ses épaisses murailles et ses tours médiévales, sous la surveillance de la Rocca Aldobrandesca, l’impressionnante forteresse qui le coiffe. De derrière les créneaux et les meurtrières, on regarde au loin, le regard se perdant dans le bleu de la mer jusqu’à s’accrocher aux côtes de Montecristo, Elbe, la Toscane et la Corse.
Avec ses rues tortueuses et pavées, ses escaliers élimés, ses venelles et ses passages couverts, Giglio Castello est un dédale où il fait bon flâner. On se repaît alors des détails pittoresques de ses vieilles bâtisses, de leurs fenêtres fleuries et de leurs balzuoli. Fort courants en Toscane, ces escaliers de pierre, souvent raides et étroits, longent les façades des maisons pour aller en trouver la porte d’entrée, un niveau au-dessus de la rue. Une tradition architecturale qui date d’une époque lointaine où le bas d’une habitation servait encore de remise, d’atelier ou d’étable.

© Adobe Stock/ah fotobox
Au hasard de la promenade, on passe devant une vitrine alléchante qui vous promet les deux grandes spécialités de l’île. L’une se boit, l’autre se mange. Celle qui se boit ? C’est l’Ansonica Costa dell’Argentario, un vin fait d’ansonaco, la version locale de l’ansonica. Autrefois, il recouvrait toute l’île ou presque. Aujourd’hui, il n’en reste plus quelques hectares plantés sur les terrasses de pierres sèches des derniers vignerons gigliesi, tels Milena Danei (Parasole), Giovanni et Simone Rossi (Fontuccia) ou Francesco Carfagna (Altura). Avec autant de vaillance que de savoir-faire, ils produisent à la force du poignet un blanc sec, à la robe jaune paille, à la bouche vive, minérale et fruitée qui fait des merveilles sur un poisson grillé.
Et celle qui se mange ? C’est le panficato, un gâteau collant, ferme sous la dent, fait de figue, de noix, de miel, de vin, de raisins secs et, parfois, de chocolat. Cela vous rappelle le panforte cher aux Siennois ? Rien d’étonnant à cela. En 1544, Barberousse, le plus terrible des pirates méditerranéens, a pillé l’île et embarqué toute ses habitants pour les vendre comme esclaves. Les Médicis ont alors eu l’idée de repeupler leur territoire en y envoyant des familles de… Sienne.
Comment s'y rendre ?
À part Montecristo, toutes les îles de l’Archipel toscan profitent de liaisons maritimes avec le continent. Pour rappel, l’accès à Pianosa et à Gorgona sont strictement réglementés, tandis que Giannutri ne dispose pas d’hébergement.
La vedette pour Giannutri (une heure de mer) s’élance de Porto Santo Stefano (tout au sud de la côte toscane, dans la Province de Grosseto). Elle navigue quatre jours par semaine, avec des horaires permettant l’aller-retour dans la journée (dernier départ de l’île en milieu d’après-midi).
Les ferries pour Giglio partent également de Porto Santo Stefano. La traversée est assurée toute l’année avec plusieurs départs quotidien en haute saison. Autre solution, dès lors qu’on est piéton : les hydrofoils d’Aquavision. En juillet et août, ils rejoignent Giglio à partir de San Vincenzo, un port de la Province de Livourne (tous les mercredis, trois bonnes heures de voyage) et de l’île d’Elbe, depuis Porto Azzurro (tous les mercredis, deux heures de trajet).
Du 15 avril au 31 octobre, Aquavision assure également une liaison quotidienne entre Elbe et Pianosa, à partir de Marina di Campo (45 minutes de traversée). Si vous souhaitez voyager avec votre véhicule, il faut prendre le ferry de Toremar à Rio Marina. Il part chaque mardi et relie Pianosa en moins de deux heures. Depuis le continent, le ferry pour Pianosa part de Piombino une à deux fois par semaine, toute l’année, sauf en avril. La traversée dure trois heures.
Pour Capraia, le ferry part de Livourne plusieurs fois par semaine. Prévoyez près de trois heures de traversée. En été, le parc national de l’Archipel toscan organise des excursions à la journée à partir de Portoferraio ou Marciana Marina. La visite est accompagnée par un guide et ses horaires, parcours et activités sont prédéterminées.
Le parc national propose le même type d'excursion au départ des deux ports elbois pour Gorgona. Depuis le continent, il faut passer par Livourne avec une traversée d'une heure trente environ, une à deux fois par semaine. Dans tous les cas, n'oubliez pas que votre venue dans l'île se réserve au moins une semaine à l'avance, car elle est soumise à autorisation.
Toutes ces informations vous sont données à titre indicatif. Chaque compagnie est susceptible de modifier son programme en cours d'année.
* Voulu par la France, Monaco et l’Italie, le Sanctuaire Pelagos s’étend sur près de 90 000 km2, entre la Côte d’Azur, la Corse, la Sardaigne et la Riviera italienne. Il a pour objectif principal de protéger les nombreux cétacés qui vivent et se reproduisent dans cette zone : les dauphins bleus ou blancs, les globicéphales, les cachalots, les baleines de Cuvier ou encore les rorquals communs qui, pouvant atteindre une vingtaine de mètres à l’âge adulte, sont les plus grands mammifères marins du monde après les baleines bleues.