flamboyant île Maurice

L'arbre à promesses

S’il est un arbre loué par tous les Mauriciens, c’est bien le flamboyant. Déjà, parce que ses fleurs écarlates les ravissent. Ensuite, parce que sa grande couronne en forme de parasol leur prodigue une ombre des plus agréables. Enfin et surtout, parce que sa floraison spectaculaire est annonciatrice d’une période qu’ils apprécient tout particulièrement : celle des fêtes de fin d’année.

En effet, cet arbre ornemental originaire de Madagascar, importé dans l’île dès 1830, commence à « rougir » dans les derniers jours d’octobre, à l’approche de l’été austral. Or, c’est également l’époque de Divali, une célébration hindoue adoptée par toutes les autres communautés religieuses. Si tous les Mauriciens festoient alors allègrement, leurs entreprises marquent aussi le coup, l'arrivée de la « fête des lumières » décidant de la clôture de leurs comptes, des soldes, de leur fermeture annuelle et du versement de primes aux salariés. D’où ce surnom malicieux du flamboyant : le pie bonis (dites pié bonis), l’arbre bonus.

Il en est un autre : « l’arbre de Noël de Maurice », sa rutilance s'accordant parfaitement avec la chaleur et la fraternité de la Nativité qui, ici comme en Europe, donne lieu à un grand jour de liesse et de partage. L’histoire ne dit pas si le Père Noël — une autre espèce de « flamboyant » ! — débarque au réveillon en tongs, mais il ne doit pas chômer, vu le nombre de marchés de Noël organisés sur toute l’île et les horaires d'ouverture à rallonge des centres commerciaux pendant le mois de décembre.

Les restes de la dinde à peine finis, on remet ça avec le Nouvel An. Une java de plus à laquelle s’invitent forcément les fameux flamboyants puisque, durant la période des vœux, il est coutume d’offrir ou de décorer son propre intérieur de leurs fleurs que l'on dit volontiers chargées d'énergie positive. Une charmante tradition qui vaut à l’arbre un troisième et dernier surnom : le bouke banane (prononcez bouké banané), le bouquet de la bonne année.