Morne Brabant île Maurice

La montagne-totem

Suspendu entre ciel et mer, le Morne Brabant fait battre le cœur des Mauriciens depuis toujours. Ils l’aiment pour sa beauté. Ils le vénèrent pour son histoire qui leur raconte le lourd tribut payé par certains de leurs ancêtres au nom de la liberté.

Haut de 556 mètres, le Morne Brabant est assurément la montagne la plus connue de Maurice. Il en est pourtant de bien plus hautes comme le Piton de la Petite Rivière Noire, le Pieter Both et le Pouce qui dépassent tous trois les huit cents mètres d’altitude. Mais aucune ne sauraient donner aux insulaires davantage d’émotion que ce grand monolithe de basalte. Déjà, parce qu’il dessine un paysage inoubliable avec ses falaises sombres et abruptes. Elles gardent l’entrée d’une péninsule luxuriante, bordée de plages immaculées, fort appréciées des amateurs de glisse, et de petites anses où l’on vient jeter l’ancre pour une journée tranquille. Autre point fort de ce géant : son ascension qui, contrairement aux apparences, s’avère modérément exigeante. Il n’est ainsi nul besoin d’être un randonneur chevronné pour grimper au sommet du Morne, découvrir alors la mandrinette et la boucle d'oreille, deux fleurs rares et typiques des lieux, et dominer enfin le lagon, la barrière de corail et tout le Sud mauricien. Dernier atout — et pas des moindres ! — de ce site naturel emblématique, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008 : son histoire. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il accueillait plusieurs bandes d'esclaves marrons, des fugitifs qui avaient trouvé asile dans les cavernes de ses flancs escarpés. Une légende largement répandue au sein de la population veut qu’en 1835, peu après l’abolition de l’esclavage par les Autorités britanniques, des soldats soient montés à la rencontre de ces fuyards pour leur annoncer la bonne nouvelle. Croyant à une battue, ces derniers se seraient jetés du haut des falaises, préférant la mort à la captivité.