Nenuphars Jardin de Pamplemousses île Maurice

Poivre et
Pamplemousses

Nul n’est prophète en son pays ! Introduit à Maurice par les Néerlandais, le pamplemoussier a donné son nom à une commune de l’île et, par ricochet, à son jardin. Mais en retour, cet ingrat a carrément boudé l’agrume, lui préférant des centaines d’autres espèces exotiques.

Tout éden a son jardin et Maurice ne fait pas exception. Le pays abrite même le plus beau parc botanique tropical au monde avec sa grosse trentaine d’hectares et ses sept cents variétés de plantes. Son nom : le Sir Seewoosagur Ramgoolam Botanical Garden, un hommage à l’un des pères de l’indépendance mauricienne. Mais on l’appelle plus communément le « jardin de Pamplemousses » du nom de la ville qui l’accueille, dans le nord de l’île. Ce fut d’abord un simple potager voulu par le Gouverneur Mahé de la Bourdonnais pour ravitailler en fruits et légumes frais les navires de passage. Mais en 1770, un ancien séminariste reconverti dans l'agronomie en fait l’acquisition pour y créer un jardin d’essai et d’acclimatation afin d'y vivre sa passion des arbres et des épices. Son nom ? Pierre Poivre. Ça ne s’invente pas ! 

Sitôt son acte de propriété en poche, Poivre, le bien nommé, fait venir des plantes du monde entier. Par chance, il profite même, deux ans durant, de l’aide et de l’expertise de Philibert Commerson, le naturaliste de l'expédition de Louis-Antoine de Bougainville faisant alors escale dans l'île. Le résultat de leurs travaux communs force très vite l'admiration de leurs contemporains. Depuis, sous la férule de botanistes éclairés, qu’ils soient français ou britanniques, le parc n’a cessé d'embellir, s’enrichissant sans cesse de nouvelles espèces pour offrir aujourd’hui à ses visiteurs une merveilleuse balade pleine de poésie et d’exotisme.

Fleur de porcelaine Jardin de Pamplemousses île Maurice

Une fleur de porcelaine

On flâne le long du bassin rempli de victoria amazonica, des nénuphars géants aux allures de plat à tarte dont les fleurs ont la particularité de changer de couleur au fil de la journée : blanches le matin, elles virent au rose dans la journée et tournent au violet le soir. On respire l’air chargé des senteurs de la cannelle, du camphre, de la girofle, du laurier, de la vanille ou du néroli. On se régale des couleurs vives des orchidées, des lotus bleus d'Égypte et des fleurs de porcelaine dont l’aspect laqué laisse penser qu’elles sont artificielles. On passe voir le château de Mon Plaisir, une grande demeure coloniale récemment rénovée, et, tout près de là, les enclos des tortues géantes des Seychelles et des cerfs de Java.

Cerfs de Java Jardin de Pamplemousses île Maurice

On admire les baobabs trois fois centenaires, les palmiers royaux, les figuiers étrangleurs qui doivent leur nom à leurs racines géantes qui entourent les troncs des arbres voisins, ou le muscadier planté par François Mitterrand lors de sa visite officielle sur l'île. On peut encore guetter la floraison d'un talipot de Ceylan, mais il faut se montrer patient, cet arbre ne fleurissant qu’une fois dans toute sa vie, autour de ses cinquante ans. Il libère alors des millions de fleurs avant d’agonir tranquillement. C'est spectaculaire. Au point de camper des années durant au pied de son tronc ? Ça, c'est à vous d'en décider…

Baobab Jardin de Pamplemousses île Maurice

L'un des baobabs de Pamplemousses