Capo Blanco plages de Portoferraio île d'Elbe

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Quand Portoferraio se jette à l'eau

Décidément, la Capitale ne se prive de rien. Son port est l’un des endroits les plus chics de l’île. Ses palais et forteresses sont chargés d’histoire. Et, pour ne rien gâcher, la ville profite de quelques-unes de plus belles plages elboises.

Où planter son parasol à Portoferraio ? Sur son versant nord, le plus souvent. Pourquoi pas sur la plage Le Viste, située sous les remparts de Falcone, l'un des forts médicéens de la ville. Son atout ? Scoglietto, l’îlot qui lui fait face. C'est une réserve de pêche, une vocation qui favorise les belles rencontres sous-marines pour qui a pris la peine de glisser masque et tuba dans son sac à dos.

La plage de Padulella est, à nos yeux, encore plus accueillante. Certes, il faut quitter le centre-ville et s’enfoncer dans les quartiers résidentiels sur deux bons kilomètres. Mais on est largement récompensé de ses efforts (ou de sa location de scooter). D’une part, parce que Padulella régale ses hôtes d’un paysage magnifique, à l’image de la petite crique encaissée que l’on surplombe juste avant d’arriver sur la plage elle-même. Certains jeunes amoureux gagne ce nid à la nage pour y cacher leurs doux baisers. D’autre part parce que l’eau est incroyable de transparence. Et puis, n’oublions pas l’ambiance tout à la fois sympathique et typique, à la condition, bien sûr, d’apprécier la truculence des Transalpins. Ultime bonheur des lieux et pas des moindres : le hugo (prosecco, sureau, menthe fraîche et citron vert) servi bien frais par la paillote du coin. À déguster avec modération, au soleil couchant.

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Si l’on fait abstraction des escaliers et du chemin bien raide qu’il faut affronter au retour avant de retrouver la route, Padulella n’a finalement qu’un seul défaut : l’onda. Générée deux fois par jour par le sillage du plus gros des ferries desservant l’île, cette vague submerge une bonne moitié de la plage. Un panneau signale le phénomène et, pour autant, plus d’un touriste se laisse surprendre, courant alors en tous sens pour récupérer ses affaires trempées. Nous avons honte de l’avouer, mais c’est du vécu !

On retrouve ce phénomène sur la petite plage voisine de Cala dei Frati. Il y est même beaucoup plus marqué car celle-ci est moins profonde que Padulella. L’onda n’en est que plus redoutable. Mais ce n’est pas elle qui fait de la Cala, une plage à part à Portoferraio, un vrai repaire d’initiés. C’est davantage son accès, plutôt difficile. Il faut impérativement passer par la mer, en bateau, sinon à pied depuis la plage Le Ghiae. On hisse son sac ou son panier sur son crâne et l'on se risque dans l’eau jusqu’à la taille. La tranquillité, ça se mérite ! Au bout de l’aventure, un tapis de galets immaculé, protégé du vent et largement ombragé une bonne partie de la journée. C’est appréciable en période de canicule, mais pas vraiment adapté si vous devez encore parfaire votre bronzage.

Si c'est le cas, il y a toujours un plan B : pousser la balade un peu plus loin et descendre dans les grandes et jolies criques de Capo Blanco ou de Sottobomba. Et si vous êtes motorisé(e), sortez carrément de la ville pour découvrir, à dix minutes de route à peine, ce petit joyau qu'est Sansone. Adossée à d'abruptes falaises et léchée par une mer cristalline, cette plage passe pour l'une des plus belles de l'île. Une réputation qui, vous pouvez nous en croire, n'a rien d'usurpée.

Vous n’avez pas envie d’avaler trop de macadam, que ce soit en voiture ou à pinces ? Optez pour la plage la plus célèbre de Portoferraio : Le Ghiaie. Elle est située à quelques pas de la vieille ville, sous une large promenade piétonne bordée de bars, de glaciers et de restaurants. Son nom ne triche pas : en italien, il signifie « les graviers ». Mais ceux-là ne vous gâchent pas le plaisir ; au contraire, ils y apportent une touche d’insolite. Les galets de cette partie de la ville sont en effet célèbres pour leur aspect original : ils sont blancs mouchetés de taches sombres. C’est un phénomène on ne peut plus naturel, de simples inclusions, des particules minérales qui se lient à la roche lors de sa formation. Mais à cette explication scientifique, les locaux préfèrent, non sans humour, une légende populaire qui veut que les taches sombres des galets soient nées de la sueur des… Argonautes. En effet, L'Argo, le navire de Jason aurait fait halte sur ce rivage lors de la quête de la Toison d’or. Ce qui explique que certains érudits portoferraiesi rebaptisent parfois leur commune d'un surnom nimbé d'aventure : Porto Argo.